Quels sont pour vous les travaux d'illustration qui furent les plus marquants dans ces années-là ? Je pense à Ukiyo-è Haiku&Suspense publié par Mario Vigiak de Quadragono Libri.
Ah, oui, c'est vrai, ce fut une chose très importante pour moi, la rencontre avec Vigiak. Je l'ai connu, lui aussi grâce à Battaglia. Le personnage sortait plutôt de l'ordinaire, c'était un grand promoteur, il avait un studio de graphiste, une galerie d'art, il travaillait pour la publicité et dans la communication pour de gros industriels. Vigiak était un créatif de talent, il a touché un peu à tout, il a fondé la maison d'éditions Quadragono qui a publié de magnifiques livres. Ma première collaboration avec lui ce fut pour un calendrier, chaque mois était dessiné par un dessinateur différent. J'avais illustré le mois de septembre. Vigiak proposait aux dessinateurs des sujets qui leur plaisaient, en général il s'agissait aussi d'accompagner des textes écrits par d'autres et qui parfois n'avaient pas de rapport avec les illustrations. Comme premier sujet, j'avais choisi la Grande Guerre et puis j'ai réalisé ce livre sur le Japon. J'avais écrit de brèves notices explicatives sur les armes et les armures japonaises que j'avais représentées... Battaglia avait réalisé, lui un livre sur le roi de Prusse Frédéric le Grand. Druillet en avait également fait un, il y a eu du beau monde !
C'est l'un de vos grands sujets d'inspiration...
Le Japon, c'est pour moi, une vieille passion, je dois avouer que je ne saurais à vrai dire pas expliquer à quoi elle est due. Ce qui me fascine ches les Nippons, c'est cette précision maniaque et c'est ce qui me manque. J'ai pour cet univers une admiration mêlée d'effroi.
Dans Hayku, portfolio réalisé pour Crapapelada, vous rendez hommage à cette forme de poésie japonaise, vous avez-vous même écrit un haïku, pourquoi ce type de poésie vous touche-t-il ? Est-ce un essai poétique unique ?
Au départ, il s'agissait pour moi d'une sorte de défi, cette forme poétique, de part sa concision est plutôt délicate à illustrer. On m'a proposé une grande quantité de haïkus, j'ai fait mon choix. Mais, je dois dire que ce travail a été un peu un défi, il fallait tenter de donner corps à des poésies aussi concises et éloignées de notre culture.
Savez-vous si cette expérience a été appréciée par des Japonais ?
L'éditeur de Crapapelada connaissait une Japonaise qui a fait la traduction des haïkus et par jeu j'avais glissé dans ma sélection un haïku de mon cru, j'avais envie de faire quelque chose sur les Ninjas, cette dame a tout de suite vu qu'il s'agissait d'un faux ! Leurs codes poétiques sont très rigides, elle a tout de suite vu qu'il n'y avait pas le compte de syllabes. J'ai donc ajouté quelque ligne en demandant l'indulgence du lecteur, en espérant que l'on ne me contraigne pas au « Seppuku » !