Les débuts monstrueusement horrifiques de Dylan Dog, revus par Corrado Roi et Roberto Recchioni !
Courageusement, les éditions Mosquito continuent de nous proposer, à dose homéopathique, quelques petits joyaux de ce véritable monument qu’est la bande dessinée transalpine « Dylan Dog » (1) : grâce leur soit rendue ! Car si le succès du détective du paranormal ne s’est jamais démenti dans son pays d’origine, en France, et ceci malgré de nombreuses tentatives, ces fumetti de chez Bonelli n’ont pas encore, hélas, trouvé l’audience qu’ils méritent : pourtant, les qualités graphiques et narratives de leurs différents auteurs — ici Corrado Roi (2), Nicola Mari (3) et Roberto Recchioni — ne sont plus à démontrer !
Les albums « L’Aube noire » et « Le Crépuscule rouge » (qui paraîtra en mai) – sous couvertures de Gigi Cavenago – correspondent aux n° 401 et 402 de la publication Bonellienne et ont été proposés en janvier et février 2020 en Italie. Il s’agit d’une minisérie, sous-titrée « 666 », à l’intérieur de la série mère, entamant une nouvelle phase écrite par le talentueux Roberto Recchioni ; laquelle n’est autre qu’une refonte déclarée de la toute première aventure mythique de Dylan Dog par Tiziano Sclavi et Angelo Stano (« L’Aube des morts-vivants », publiée le 26 septembre 1986) où notre héros est confronté à une épidémie de zombies : comme quoi, les pandémies ne datent pas d’aujourd’hui ! Évidemment, ce double épisode n’est pas un simple remake ! Déjà, Dylan Dog change totalement de look, se présentant avec une longue barbe et un manteau plus confortable que sa traditionnelle veste, tout en montrant une plus grande familiarité avec la technologie contemporaine. Mais les bouleversements ne s’arrêtent pas là !Il devient le fils adoptif de l’inspecteur Bloch — promu surintendant — et son ex-femme, la sergente Rania Rakim, l’a trahi puis quitté pour se lancer dans une relation avec le policier Tyron Carpenter de Scotland Yard. Enfin, son assistant habituel (Groucho, sosie du Marx du même nom, a disparu au n° 400, mais rassurez-vous, il reviendra dans le n° 407 du fumetti) est remplacé par un certain Gnap-Gnap : personnage créé par Tiziano Sclavi pour son roman « Dellamorte Dellamore », écrit en 1983 et publié en 1991, avant d’être adapté au cinéma en 1994. Par ailleurs, le style scénaristique se veut plus moderne, avec des rythmes dilatés, des dialogues plus secs : ce qui n’empêche pas l’humour très second degré, caractéristique de la série. Roberto Recchioni donne ainsi beaucoup plus d’espace aux cases aérées et élégantes de Corrado Roi : extraordinaire graphiste de l’écurie Bonelli (il a également travaillé sur « Mister No », « Martin Mystère », « Julia », « Brendon », « Magico Vento », « Dampyr », « Nathan Never », « Tex »…) qui est particulièrement à l’aise pour rendre l’atmosphère brumeuse et onirique de l’histoire, ou pour donner corps à ceux en décomposition des morts-vivants.
Gilles RATIER
Gilles Ratier (BD zoom)