Attention! seule la couverture de cet album est en couleur et pour ce qui me concerne, je dirais que le graphisme de Serpieri s’accommode au mieux du noir et blanc. En couverture la couleur n’apporte rien à la violence de la situation.
Le noir et blanc donne ici une impression de réalisme et accentue la simplicité des histoires. Elles sont au nombre de trois et soulignent la solitude des individus – homme comme femme – qui semblent de plus s’enfermer dans des codes personnels ou de société. Ainsi dans la première, « En remontant le fleuve », nous sommes témoins de la rencontre entre un vieux chasseur/trappeur et un jeune arpenteur géomètre qui vient de l’Est pour mesurer et « cartographier » le pays. Les deux hommes empruntent le bateau d’un trafiquant d’alcool à destination des indiens. Deux mondes s’affrontent sur l’effondrement d’un autre… Je vous laisse découvrir la chute. Pour ce qui est de l’histoire centrale qui donne son titre au recueil : un vieux chasseur/trappeur rencontre une indienne qui n’en est pas une et qui nous conte son passé… Mettant en évidence la condition féminine. Enfin la dernière, intitulée « Empreintes », raconte la recherche d’un homme par un autre qui avance en quelque sorte à reculons, c’est désespérant.
Comme beaucoup d’amateurs de western, je suppose que vous êtes plus attachés à ce que raconte l’histoire qu’à la façon de raconter et c’est peut-être parfois longtemps après avoir vu le film que vous vous souvenez de ce que disaient les images. Là, vous pouvez revenir sur vos pas, prendre le temps de regarder, de vous arrêter pour réfléchir à ce qu’implique ce que vous lisez. On sait les ravages de l’alcool sur les indiens, le sort des femmes « rebelles » chez les blancs, l’usage de la violence, mais les trois récits de Serpieri ont le mérite de nous les remettre en mémoire. A regarder régulièrement pour ne pas oublier que nous sommes censés être civilisés…
Noé Gaillard (Daily Books)