A la clôture du siècle, la revue les inrockuptibles dressait une liste de cent chefs-d'oeuvre contemporains oubliés. Y figurait La mort du peintre d'Edmond Baudoin. Juste retour des choses pour ce livre au destin fragile. Au-delà de l'anecdote, c'est l'ensemble de l'oeuvre, d'une qualité rare, qui se voit ainsi désigné. Ceux qui se rappellent la parution de Passe le temps, il y a près de vingt ans, s'en souviennent comme d'un moment important dans leur vie de lecteur. En marge des canons de la production dominante, le livre privilégiait la veine autobiographique à la fiction, l'émotion à l'action, le récit autonome à la série, le noir et blanc à la couleur. Ce que nous avions pu ressentir auparavant par les courts récits éparpillés au seins de diverses revues, se révélait alors en toute puissance : une voix. Authentique. Un auteur nous parlait.
P. Sohet