L'histoire :
Jacinto est un petit garçon qui vient de sortir d'une immense forêt. Il est poursuivi par une bête féroce. Tout droit, se dresse une montagne aux sommet vertigineux. C'est le seul point de fuite pour Jacinto, qui atteint le premier à-pic avec une bonne avance sur son poursuivant. Il s'accroche à une racine, s'assure de son appui, avant de rejoindre les marches d'un escalier taillé à même le flanc de la montagne. Il pense être sauvé lorsque, au sommet, un écriteau devant une porte indique : « Misères ». Le gamin tambourine deux fois, avant de pousser la porte, qui n'est pas verrouillée. Dans sa manœuvre, il fait basculer une échelle sur laquelle se jonchait un lutin ! Le petit garçon s'excuse et se présente. Le lutin bougonne qu'il aurait pu se tuer dans la chute et que Jacinto vient de pénétrer dans le village sans permission ni bonne manière. Son nom est Zeferdino. Il est maire, aubergiste et croque-mort du village. Celui-ci se compose de trente maisons, perchées sur la plus haute des montagnes, invisibles depuis la vallée. Et pour atteindre l'autre côté, il faut traverser misères de l’intérieur, passer une journée dans chaque maison, mais jamais plus d'une seule nuit...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il n'est pas nécessaire d'avoir fait de hautes études d'arts plastiques pour se rendre compte, dès la première page, que Grimalt est un maître. Ce ne sont pas ses élèves de Palma de Mallorca, en dessin et en latin, qui diront le contraire. Quoi qu'il en soit, les lecteurs sont unanimes : avec de telles illustrations, on ne peut que s'installer confortablement pour se laisser aller à la lecture. Et côté scénario et dialogues, c'est également une réussite, car l'auteur espagnol propose un conte qui plaira aux enfants comme aux grands. Tout y est : un contexte original, puisque l'action se passe presque entièrement en huis-clos. Le décor est ce village au nom lugubre, constitué d'une succession de maisons mitoyennes, mais dont les habitants ne communiquent plus entre eux. 30 habitations perchées sur la crête d'une montagne, comme si elles avaient colonisé la queue d'un immense dragon de pierre. On retrouve ainsi ce qui caractérise les histoires au goût d'antiques légendes : un héros malgré lui, c'est à dire ce jeune garçon, Jacinto, qui devra surmonter des épreuves pour pouvoir s'en sortir. Le mystère côtoie ici l'étrangeté et le merveilleux, sans que cela ne devienne non plus inquiétant pour les plus jeunes. Certes, le scénario se dévoile très rapidement et les rebondissements ne sont pas non plus les plus surprenants qui soient, mais on passe un bon moment, sans jamais avoir l'impression de tomber sur un temps faible. Misères recèle donc bien des richesses. C'est même un petit trésor...
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