Alessandro Baggi fait partie de cette génération talentueuse de dessinateurs transalpins qui travaille de façon stakhanoviste pour les petits formats de l'éditeur italien Bonelli. On lui doit entre autres la série Dampyr que l'on serait bien inspiré de traduire chez nous. Soucieux de se confronter à un public français plus exigeant, ce grand admirateur des maîtres américains (Joe Kubert, Neal Adams) avait déjà réalisé pour les Éditions Mosquito (qui sont de plus en plus actives en ce qui concerne la mise en valeur des auteurs italiens) une BD inédite, entre horreur et humour, L’affaire Loretta Stevens, en 2003. Le revoici avec un récit kafkaïen en diable.
S'apprêtant à retourner enfin au boulot après un long congé de maladie, un brave homme est contraint de rester dans son minable immeuble de banlieue, lequel est en train d'être rénové par une curieuse entreprise de chantier. Ce cauchemar, dessiné tout en trames et en quadrillages avec un noir et blanc fort réussi rappelle les récits d'horreur des E.C. Comics et particulièrement ceux que signa l'original mais trop rare Bernie Krigstein. Ce dernier privilégiait souvent, avec bonheur la recherche graphique à toute forme narrative. S’il continue dans ce style, Alessandro Baggi risque, tel ce dessinateur culte, de devenir un modèle du genre, d’autant plus que sa narration est d’une limpidité sans faille.
Samizdat, par GR (juin 2005)