Un témoignage, plus qu’une BD, Sale guerre en Indochine propose une plongée dans la seconde moitié du XXe siècle sur les traces d’un journaliste de l’AFP. Natalie, sa fille, nous fait découvrir cette guerre de l’intérieur, c’est le vécu d’un jeune couple plein d’idéal confronté à la réalité brutale.
L’autrice a patiemment reconstitué, avec l’aide du dessinateur Nie Chongru, son compagnon, ce que fut l’aventure de ses parents, à partir d’un album et d’un carton de photos qu’il était interdit d’ouvrir lorsqu’elle était enfant. Aux lendemains de la Libération, un journaliste rejoint Saïgon pour le compte de l’AFP, une jeune femme, infirmière fraîchement diplômée et formée en médecine tropicale est affectée à l’hôpital Graal de la ville, leur rencontre débouche sur un mariage.
L’album de photographie évoque des jours heureux alors que la mère de Natalie parlait de la « sale guerre », après le décès des parents, l’autrice veut comprendre l’univers de ses premiers mois, elle est née à Saïgon.
Le récit et les dessins très évocateurs sont entrecoupés d’informations historiques qui complètent l’expérience de terrain des deux protagonistes. Le lecteur suit le jeune couple embarqué dans l’aventure indochinoise., un morceau d’histoire peu présent dans la littérature, le cinéma et même chez les historiens.
On y voit la vie quotidienne d’une famille française dans la colonie, la culture indochinoise, mais aussi les réalités de la guerre jusqu’à Dien Bien Phu1 et les échos en métropole. La famille quitte le Vietnam en octobre 1955.
La qualité du texte et les illustrations, le choix pertinent du noir et blanc font de cette BD, très documentée, un ouvrage de grande qualité, plein d’humanité, une BD que l’on garde précieusement. Il a toute sa place dans un CDI en collège comme en lycée.
La Cliothèque (Christiane Peyronnard)