La collection jeunesse de Mosquito réédite un joli album publié par Emmanuel Proust il y a cinq ans, en partenariat avec le festival BD Boum de Blois, qui présentait une exposition autour du livre. BD Boum est en effet très axé sur la question de la médiation, que ce soit avec les publics empêchés (les albums Paroles de taulards, Paroles de sourds ou Paroles sans papiers), la jeunesse ou le grand public. Une Maison de la BD a même ouvert à Blois depuis.
Gaspard et le Phylactère magique s’inscrit dans ce projet d’ouverture et d’éducation. Gaspard, en vacances à la campagne chez sa grand-mère, découvre au grenier l’atelier de son papi décédé, et même une planche inachevée… Son fantôme apparaît et lui apprend à construire une bande dessinée, pour terminer son travail. Ainsi, à travers une jolie fable aux allures classiques de récit d’apprentissage familial sur fond estival, une leçon de bande dessinée se développe.
Il s’agit d’une approche très classique : créer son personnage, le synopsis, le découpage, le crayonné, l’encrage, la couleur, etc. Pas question ici de BD improvisée, de dessin jeté ou autre. Il reste que ces étapes sont souvent utiles pour que les jeunes praticiens comprennent le procédé basique, quitte à la déconstruire, et Gaspard et le Phylactère magique a le mérite de présenter très intelligemment ces bornes classiques.
Le choix de Mickaël Roux au dessin, avec son style très reconnaissable, sorte de synthèse entre Burton et l’école franco-belge, permet par ailleurs de rompre avec un aspect trop académique. S’il est chaleureux et accessible, il dénote d’une véritable originalité et porte les leçons diverses sans lourdeur. D’autant que la trouvaille narrative de faire se promener Gaspard dans ses propres BD pour les comprendre fonctionne bien et permet de sortir du pur cadre de la maison de sa grand-mère !
Si le livre raconte une histoire sympathique, il reste limité par son objectif : il s’agit bien d’une méthode pour comprendre la bande dessinée sous une forme attractive. Cela n’intéressera donc pas tous les enfants, mais s’ils sont curieux de l’envers du décor ou comment réussir à dessiner leurs propres aventures, ce sera alors le cadeau parfait. Et la promesse de beaucoup d’heures de dessins en perspective…
Bodoï