Il était un enfant, croate, qui regardait naître l’amitié “étrange” entre son frère et un autre garçon. Sauf que
nous sommes en Croatie. Et que ce genre d’amitié, dans un petit village de surcroît, n’est pas vraiment bien vu par les autres.
Des décors saisissants
La première chose qui frappe l’oeil lorsque l’on ouvre cet ouvrage, ce sont les dessins. Les lignes noires explorent l’espace, le temps de quelques à-plats, et découpent une ville au couteau, donnent aux visages un ton grave et permettent une gestion de la lumière presque crépusculaire tout au long de l’album. Chaque page est un petit bijou visuel, tant dans la construction que dans l’atmosphère.
On en vient presque à regretter les bulles et le texte, tant certaines pages se suffisent à elles-mêmes.
Un sujet terriblement actuel Mais l’intrigue n’en est pas moins importante, pas moins violente et forte que son dessin. Avec un titre aussi parlant et virulent que Les pédés, ZEZELJ et PALJAN signent un titre fort en symbole, avec une histoire délicate, tant dans son sujet que par le côté diablement actuel de son contenu. On assiste à cette différence, sans réel aveu d’homosexualité au début, à l’intolérance des proches, l’innocence d’un enfant qui ne comprend pas bien en quoi tout ceci est “mal” dans l’esprit des autres personnages. Le décalage entre le regard de l’enfant et les propos qu’il
entend et rapporte en est d’autant plus puissant.
Avec ce titre, les auteurs signent un ouvrage prenant, qui laisse un petit arrière-goût amer, mais qui est une leçon de tolérance par l’exemple de situations qu’on ne devrait jamais avoir à vivre.
Bénédicte COUDIÈRE
L'avis des Bulles