En couverture (réussie) on trouve ''Lacaf & Moriquand'' sans autre précision et dans la dernière case de l'album l'information que j'utilise en en-tête. Personnellement je n'ai rien contre cette ''confusion'' qui associe dessinateur et scénariste en une seule entité. Il en faut bien une pour des albums bien faits. Mais je pense au collectionneur débutant qui ne trouve pas de repère immédiat pour ranger sa bibliothèque... Une intégrale, cela signifie deux albums -parfois plus- en un seul volume. Cela permet aussi de mesurer la qualité de l'histoire et de la construction du récit. Il y a une certaine déperdition dans deux volumes séparés pour cause de mémoire sélective... On ne se souvient pas de tout et l'on ne retourne pas systématiquement tout lire. La continuité met en évidence la dramatisation, la scénographie de l'histoire.
Ici, Anselme de Saint Géraud, Lieutenant, est affecté au fort qui commande le Queyras, il s'y rend en compagnie de son épouse Anaïs qui, elle, revient sur le lieu de son enfance (son père ayant commandé le fort). Le couple ne va pas bien et la jeune femme, étant fort belle, attire quelques charmeurs. On retrouvera ces individus morts... Et un vieil officier viendra enquêter. Je ne vous en dirais pas plus, même si vous serez moins surpris que l'héroïne en découvrant le criminel. L'histoire est relativement banale et on peut penser qu'elle se base sur un fond de réalité exactement comme elle joue ici sur les précisions historiques, l'utilisation du patois local et le décor fort beau des montagnes.
Il s'agit de ce que j'appellerais un ''album plein'' qui se sert avec intelligence du rapport entre histoire et lieu où elle se déroule (montagne, vie de garnison) et cela également pour le dessin. Et puis on trouve de belles choses au fil des pages comme les trois cases centrales de la page 13, par exemple, qui auraient pu être une seule case et qui accentuent l'idée de ''divorce'' entre les deux personnages sous l'oreille attentive du ''peuple''...
Attention ! ne prêtez pas cet album, vous risquez de ne jamais le revoir....
Noé Gaillard (Murmures)